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COS Chronicle

Vendanges 2020 au cœur du chai

INTERVIEW -

Angélique Vigouroux, arrivée à Cos d’Estournel en 2007 pour la vinification de Cos d’Estournel Blanc, et Maître de Chai depuis 2017, partage avec nous ses souvenirs et son rôle en cette vendange particulière.

Vous êtes arrivée à Cos d’Estournel en 2007, et Maître de Chai depuis 2017. Durant cette saison particulière des vendanges, quel est votre rôle ?

Mon rôle commence avant les vendanges, avec la préparation de tout ce qui doit être mis en place, que ce soit pour la réception des raisins au chai mais aussi pour les équipes : pour que tout se passe bien, il faut pouvoir tout anticiper.
Et pendant les vendanges, mon rôle consiste à appréhender au mieux la qualité des raisins pour en tirer le meilleur. C’est mon plus grand défi !

Racontez-nous une journée de vendange typique au chai.

La journée se déroule au rythme des réceptions de raisins, et se termine quand la dernière remorque de vendange est passée. La première chose que Dominique Arangoïts, Directeur Technique, et moi-même faisons chaque matin, c’est « prendre le pouls » : vérifier que tout s’est bien passé pendant la nuit, que les températures de vinification sont bonnes, suivre la fermentation…
Nous prenons aussi le temps de déguster chacune des cuves, puis nous planifions le programme de la journée au chai. C’est un peu comme si nous tracions des rails à suivre pour l’équipe : nous sommes là pour guider, répondre aux questions et faire en sorte que tout se passe au mieux.

Les équipes du chai sont en première ligne pendant cette période car elles doivent sublimer le produit du travail des équipes de la vigne. Comment vivent-elles ces moments exceptionnels ?

Chacun sait exactement ce qu’il a à faire. Pendant les vendanges, nous sommes entraînés dans un tourbillon, mais ça n’est pas négatif : c’est de l’adrénaline qui monte petit à petit et qui ne nous quitte pas tant que la dernière grappe du dernier jour n’est pas rentrée.
Le raisin n’attend pas : quoi qu’il arrive, il doit être rentré rapidement dans le chai. Il faut donc savoir être réactif. Qui plus est, quand on réceptionne du raisin au chai, on sait qu’il y a une année de travail dans le vignoble qui vient de s’écouler, que les vignerons ont pris soin du vignoble et du raisin. Nous avons donc un devoir de réussite envers eux et notre propriétaire, et je ressens cela d’autant plus à Cos que les équipes sont très attachées à la propriété, ainsi qu’à notre équipe d’Espagnols qui vient chaque année vendanger depuis 1974.
Il y a presque de l’euphorie, parce que nous avons tous le même objectif : faire rentrer le raisin de la meilleure manière qui soit, pour ensuite le vinifier, là aussi de la meilleure manière.

Vous travaillez dans un chai résolument moderne et hautement technique car intégralement gravitaire : quels en sont les grands bénéfices pour le vin ?

Les installations techniques font partie intégrante de l’environnement exceptionnel dans lequel nous avons la chance de travailler. Notre chai gravitaire, en plus d’être magnifique, a été très bien pensé : il permet de garder l’intégrité de la baie et d’extraire plus doucement, sans excès et avec précision [les tanins, la couleur et les arômes], c’est l’un de ses grands bénéfices. Il nous permet d’avoir une certaine douceur sur la manipulation, que ce soit sur le raisin ou sur le moût, et d’obtenir des tanins plus fins. Nos cuves isothermes nous permettent également de réguler la température comme nous le souhaitons, ce qui est très important pour la qualité des vins.

Le chai gravitaire nous offre aussi un vrai confort de travail. La première chose qui a frappé les équipes lorsque nous avons travaillé pour la première fois dans ce chai en 2008, c’est le calme : sans les pompes, le silence est roi et c’est très agréable. Nous avons une chance inouïe d’avoir un outil comme celui-ci. Au quotidien, on oublie parfois cette chance, mais nous sommes tous très fiers de travailler dans ce chai !

Et vous, qu’aimez-vous pendant les vendanges à Cos d’Estournel ?

Ce que j’aime, c’est l’adrénaline : c’est elle qui nous pousse à puiser le meilleur en nous pendant les vendanges. J’aime aussi découvrir le millésime un peu plus chaque jour : pouvoir déguster et voir l’évolution des jus, jusqu’au jour où on se dit qu’on y est, qu’on a le vin qu’on voulait, c’est une sensation magique. Le stress ne diminue pas pour autant, notre travail n’étant pas terminé à ce stade-là. Mais sentir que le vin, fruit du travail de toute une année, est là, c’est une émotion très particulière.

Une émotion, un souvenir marquant de vendanges depuis votre arrivée à Cos d’Estournel ?

Je crois que nous avons tous des souvenirs de chaque millésime. En 2007, c’était encore dans le chai provisoire. 2008, c’était le premier vinifié dans le nouveau chai gravitaire. 2009, c’est un millésime assez particulier par sa puissance et sa dimension hors-normes. Chaque année a sa personnalité, sa caractéristique qui fait qu’on s’en souvient encore.

Mais pour moi, à chaque vendange, il y a deux moments particulièrement émouvants : avec la première cagette, la machine est lancée après avoir tout préparé, et c’est le grand départ de deux à trois semaines intenses. Et la dernière aussi : on regarde les cagettes de la dernière remorque se vider et on peut enfin dire « tout y est, le futur vin est là ». Bien entendu, on sait que le travail n’est pas terminé, qu’il y a encore beaucoup de choses à faire. Mais c’est déjà une grande partie du travail qui a été fait, et c’est là que nous, au chai, prenons la relève.

Avant de nous quitter, pouvez-vous nous parler de votre rôle dans la genèse de Cos d’Estournel Blanc depuis votre arrivée en 2007 ?

Je suis arrivée à Cos d’Estournel en 2007, et j’avais déjà une expérience dans la vinification de vins blancs. C’est donc très naturellement que je me suis occupée de l’élaboration de Cos d’Estournel Blanc, qui a été mon « bébé » pendant dix ans. C’était un véritable défi de créer un vin blanc à Cos d’Estournel : un grand cru classé qui entreprend de faire du vin blanc, en 2005, en choisissant un terroir dans l’extrême nord du Médoc, et en lui donnant le nom du grand vin rouge, il fallait oser ! C’était la vision de Michel Reybier que celle de produire un grand vin blanc et aujourd’hui, nous avons 6,5 hectares de vignes qui y sont dédiées.

Cos d’Estournel Blanc a une place à part entière dans notre gamme, et je suis fière qu’il soit apprécié par la critique et par nos clients, année après année. Et nous ne nous arrêtons pas là, nous voulons faire toujours mieux, affiner, travailler avec toujours plus de précision et de passion. D’où la naissance en 2018 de Pagodes de Cos Blanc, véritablement légitime à compléter son grand frère.

La précision est l’une des valeurs de Cos d’Estournel : quand je suis arrivée, Dominique Arangoïts m’a transmis cette volonté d’aller toujours chercher le détail. C’est passionnant : nous nous remettons en question chaque année, car le terroir et le millésime nous l’imposent.


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