Vins iconiques

et cite naturellement Cos d’Estournel 2009 comme exemple éclatant de cette singularité. Pauline Vicard rappelle que, selon les travaux d’ARENI, un grand vin repose sur cinq éléments allant de la finesse à la réputation. Mais le vin iconique demande autre chose.

Les souvenirs des témoins illustrent cette idée de rupture. Raimonds Tomsons mentionne le souvenir d’un Château Batailley 1888 qui évoquait « l’âge d’or de l’Europe ». Stephen Browett se rappelle un magnum de Lafleur 1947 perçu comme « un fragment d’histoire pure ». François Dugoua se remémore un Ausone 1933 « qui ne ressemblait finalement à rien de ce qu’on avait déjà tous plus ou moins goûté ». Dans chacun de ces cas, le vin iconique porte une mémoire autant qu’un goût.

« Le vin est une boisson profondément émotionnelle »

Cette dimension émotionnelle est renforcée par le récit. Raimonds Tomsons résume cela en affirmant que « le vin est une boisson profondément émotionnelle ». La parole du vigneron, du propriétaire ou de celui qui sert le vin modifie la perception. François Dugoua souligne l’importance du lieu et cite les pagodes de Cos d’Estournel comme un environnement qui imprime une profondeur particulière aux vins dégustés. Un vin iconique est souvent un vin qui porte une histoire aussi clairement que son goût.

Finalement, un vin iconique associe une qualité incontestable, une influence durable et un moment décisif et personnel de rencontre avec le dégustateur. François Dugoua observe d’ailleurs qu’un grand vin qu’il n’aurait pas goûté « va rester quelque chose de désirable, mais pas forcément iconique ». C’est peut-être par cette combinaison qu’un vin parvient à passer de la perfection du grand vin à la grâce du vin iconique.