Un homme des Lumières

Quelle éducation artistique Louis-Gaspard d’Estournel a-t-il reçue ? Qui lui a donné le goût des voyages, des ailleurs, des délicates sophistications, des exotismes et des fantaisies qui imprègnent son univers ? D’où tient-il cette originalité si singulière, et cette créativité audacieuse qui se retrouvent si bien dans chaque recoin du bâti à Cos d’Estournel ?
Il n’a pas laissé de récit racontant sa jeunesse ou la manière dont il a été instruit et initié au monde, et il faut donc chercher dans l’Histoire quelques indices à ce sujet.

Louis-Gaspard est né dans la splendeur du Siècle des Lumières, orchestré par Rousseau, Montesquieu, Voltaire, et quelques autres champions du « vrai savoir », de l’ouverture au monde et de la liberté, contre l’obscurantisme et l’ignorance.

Tout au long du XVIIIe siècle, les idées et les livres circulent en Europe ; certains d’entre eux arrivent jusqu’à la bibliothèque de Louis-Gaspard d’Estournel, dans laquelle se côtoient ouvrages d’agriculture, grammaires et dictionnaires, précis de géographie et récits de voyages lointains : « Commerce des européens dans les deux Indes » de Guillaume-Thomas Raynac, « Correspondance de Victor Jacquemont avec sa famille et ses amis pendant son voyage dans l’Inde », ou encore le « Voyage en Chine » de Lord Macartney.

En parcourant l’inventaire de ses possessions, on découvre aussi que Louis-Gaspard d’Estournel, né quelques décennies après la mort de Vivaldi, Bach, Couperin, était un musicien qui possédait des cahiers de musique et deux violons dont prenait soin Vuillaume, un grand luthier parisien. Et qu’il possédait tout le matériel d’un peintre. Pour le reste, c’est en arpentant ses terres et l’œuvre qu’il y a laissé qu’on peut imaginer sa passion pour la vie végétale, mais aussi pour les techniques et l’architecture, les « curiosités » orientales, et la quête de toutes les beautés.

Les majestueuses pagodes, mariant avec goût les styles mudéjar, chinois, classique et indien, sont le témoignage le plus éloquent de son goût pour l’exotisme et de son ouverture d’esprit. Bien plus qu’une biographie formelle, l’héritage lumineux laissé par Louis-Gaspard d’Estournel raconte l’homme de son temps, érudit, curieux et esthète, « savant » et éclairé, qu’il n’a cessé d’être tout au long de sa vie.