Bangkok Wine Fever

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Depuis quelques années, Bangkok se hisse au rang des grandes scènes mondiales du vin, portée par des sommeliers passionnés, une hôtellerie de prestige et une curiosité locale en pleine effervescence.

TAILANDIA 🇹🇭 _ Estatua de Buda

Une ville qui apprend vite

Bangkok n’a pas attendu pour s’ouvrir au monde du vin. Vittoria Dell’Anna, Sales & PR manager at The Wine Merchant, pose le décor : « Bangkok est une ville multiculturelle en perpétuelle évolution, qui adopte les tendances avec une rapidité et un enthousiasme incroyable — et le vin n’y échappe pas. »

Cette effervescence se traduit par un changement de culture. « On est passé d’une consommation décontractée à une culture plus intentionnelle, centrée sur l’expérience. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de boire du vin, mais de le découvrir, d’en discuter et de créer du lien autour de lui. », poursuit-il.

Guillaume Perdigues, Head Sommelier chez Sühring, observe la transformation de la clientèle :

« Les profils sont très variés. Les expatriés, qui ont une culture du vin, restent de grands consommateurs. Mais on remarque surtout une progression chez les Thaïlandais : grâce aux formations comme le WSET, ils acquièrent une vraie connaissance de la viticulture et de la dégustation. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de sommeliers thaïlandais intégrer les grandes tables de Bangkok. »

L’hôtellerie de luxe, moteur du prestige

Si les restaurants jouent un rôle clé, l’hôtellerie haut de gamme est un accélérateur décisif. Mr. Max Teeta, ancien Chef Sommelier à l’Anantara Siam, aujourd’hui au Chatrium Grand et récemment élu Meilleur Sommelier de l’année, analyse :

«Les grands vins occupent désormais une place stratégique et symbolique dans l’hôtellerie de Bangkok. Alors que la ville s’impose comme une destination gastronomique mondiale, les hôtels de luxe intègrent fréquemment des programmes pointus autour du vin au cœur de l’expérience client. »

Pour lui, l’attente des clients a changé : « Les consommateurs haut de gamme, internationaux comme locaux, s’attendent à trouver les plus grands producteurs, des millésimes rares et un service mené par de véritables experts. Le vin n’est plus simplement une boisson ; il fait partie intégrante de l’histoire et du prestige de l’établissement. »

Les grands hôtels de la ville — Mandarin Oriental, Capella, Anantara Siam, Chatrium Grand — le savent : un programme vin pensé avec précision, articulé autour de dîners accords mets-vins, de dégustations guidées ou de visites de cave, « enrichit l’image de leur marque », précise Mr. Max Teeta.

Vittoria
Khun Max

Dans une ville qui adore découvrir des cépages venus du Jura, de l’Etna ou de Corse, Bordeaux reste un incontournable. « Bordeaux reste le socle du vin haut de gamme en Thaïlande », souligne Vittoria Dell’Anna. « Son caractère intemporel, sa structure et son potentiel de garde en font un incontournable pour ceux qui recherchent prestige ou qui souhaitent constituer une cave. »

Même écho côté restauration : « Les grands crus représentent des repères universels de qualité », rappelle Guillaume Perdigues.

« Les collectionneurs recherchent particulièrement les grands millésimes ou les formats prestigieux, comme les magnums. Bordeaux reste un gage de prestige, d’élégance et de structure. Ces vins sont très présents dans les repas d’affaires, où l’étiquette et le millésime jouent un rôle important. »

Accords locaux, culture globale

Adapter le vin à la scène gastronomique thaïlandaise est autant une question de goût que de stratégie. « Pour créer un pont entre Bordeaux et le marché thaïlandais, le storytelling est essentiel », explique Mr. Max Teeta. « Il faut relier les vins de Bordeaux à des valeurs locales — artisanat, héritage, élégance —, et partager l’histoire des châteaux et de leurs terroirs. »

L’expérience passe aussi par la forme : vins au verre, menus accords mets-vins, dîners thématiques… Autant d’occasions d’intégrer les vins de Bordeaux aux tables conviviales comme aux restaurants étoilés.

Vittoria Dell’Anna complète : « La cuisine thaïlandaise, avec ses saveurs épicées, sucrées, acidulées ou umami, pousse les sommeliers à explorer. Les Bordeaux évolués et souples, se prêtent particulièrement bien aux plats de porc grillés ou de canard, riches et parfumés.»

Cos d’Estournel, icône bordelaise au charme oriental

Dans ce marché en pleine ascension, certains domaines s’imposent comme des incontournables. Vittoria Dell’Anna l’assure : « Cos d’Estournel est perçu comme l’un des domaines les plus prestigieux et reconnaissables de Bordeaux, avec une identité affirmée et une qualité constante. »

Mr. Max Teeta détaille ce succès : « Cos d’Estournel est l’un des domaines bordelais les plus admirés parmi les collectionneurs et amateurs éclairés en Thaïlande. Son architecture d’inspiration orientale et son style opulent et affirmé séduisent un public thaïlandais sensible au luxe et aux belles histoires. Les sommeliers voient en Cos d’Estournel un Saint-Estèphe puissant mais élégant, avec de la profondeur, des épices exotiques et un beau potentiel de garde. Les clients le décrivent comme “mémorable”, “velouté” et “différent des autres Bordeaux”.

Même écho au restaurant Sühring confirme Guillaume Perdigues : « Cos d’Estournel est une véritable référence à Bangkok. Sa réputation est bien installée et les clients apprécient sa constance et son identité singulière. Il n’est pas rare d’ouvrir au restaurant de vieux millésimes, rapportés directement de l’étranger par des collectionneurs passionnés. »

Bangkok

Un avenir qui s’écrit en grand

Après avoir longtemps été un marché de niche, Bangkok voit émerger une nouvelle génération d’amateurs de vin plus curieux et mieux formés.

« Nous sommes passés d’une époque où boire de grands vins relevait surtout d’un statut social, à un moment où l’on boit pour se connecter — entre soi, avec la terre, avec l’histoire du vigneron », observe Vittoria Dell’Anna. « On note une montée en puissance des acheteurs indépendants, notamment chez les femmes et les jeunes professionnels, curieux, informés et confiants dans leurs goûts. Le vin nature et les régions alternatives servent souvent de porte d’entrée, mais beaucoup reviennent ensuite vers les classiques, cette fois avec plus de compréhension et d’intention. »

Mr. Max Teeta, lui, résume la clé de ce succès qui ne saurait tarder : « Démocratiser le vin. Qu’il ne soit pas élitiste, mais accueillant et expérientiel — à l’image de nombreuses traditions thaïlandaises autour de la nourriture et de la convivialité. »

De marché en effervescence à véritable hub, Bangkok ne se contente plus d’accueillir les vins du monde : elle en façonne désormais l’avenir. Cosmopolite, ambitieuse, audacieuse, la capitale thaïlandaise s’affirme comme l’une des scènes les plus excitantes d’Asie, prête à faire rayonner les grands vins, Bordeaux en tête, bien au-delà de ses frontières.


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