Un millésime ne se construit pas seulement au moment des vendanges mais représente l’aboutissement d’un travail inscrit dans la durée. Cette année encore, notre magnifique terroir a exprimé toutes ses qualités, sublimées par l’engagement de nos équipes au fil des saisons.
Pour mieux comprendre le millésime 2017 présenté en primeur au début du mois d’avril, nous vous proposons un retour sur une année dont la précocité et l’alternance de conditions météorologiques nous ont marqués.
La saison hivernale a vu de faibles pluies à Cos d’Estournel : près de 40% de moins par rapport à la moyenne. Cette situation n’a pas permis aux sols de se recharger entièrement en eau, notamment nos coteaux argileux dont les grandes capacités sont difficiles à combler. Fait rarissime, ces sols ont commencé leur cycle plus secs qu’à l’habitude. L’hiver a par ailleurs débuté dans le froid, pour connaître ensuite des températures douces dès le mois de février. Cela a favorisé l’apparition des premiers bourgeons, le débourrement, de manière homogène fin mars avec 5 ou 6 jours d’avance. Cette précocité du millésime a ensuite perduré jusqu’aux vendanges.
Fin avril, un terrible coup de froid s’est abattu sur le Bordelais, causant d’énormes dégâts. A Cos d’Estournel, nous sommes épargnés par le gel, grâce à la proximité de la Gironde qui a joué son rôle protecteur de notre terroir. Nous ressentons une réelle compassion pour tant de vignerons touchés par cet épisode malheureux.
Au printemps, le caractère précoce du millésime se confirme. La floraison se révèle fin mai de la plus belle des manières, à la fois rapide et homogène. La vigne peut déjà bénéficier des longues journées et des températures douces, favorisant une croissance optimale. Le mois de juin très chaud a fait apparaître des signes de déficit en eau. En dépit des craintes suscitées par la situation, nous restons prudents et évitons de trop intervenir. Les pluies fin juin nous donnent raison et permettent de réactiver la croissance de la vigne. Finalement la chaleur précoce, associée à un stress hydrique peu fréquent a bénéficié à nos sols argileux pour offrir des Merlot exceptionnels.
Avec des mois d’été secs et frais, et en capitalisant sur un travail attentif des sols depuis plusieurs années, on a pu garder tout le fruit et l’équilibre primordial entre sucre et acidité. La précocité du millésime se manifeste encore avec une mi-véraison observée dès le début d’août : les baies commencent à changer de couleur, premier compte à rebours vers les vendanges.
A la fin de l’été, les effets des déficits en eau se révèlent positifs : signe que les pluies ont été absorbées, ce stress hydrique conforte la qualité des tanins. Il faut cependant encore surveiller l’équilibre entre acidité et potentiel alcoolique, nous restons attentifs au moindre signe. Fraiche et humide, la première quinzaine de septembre accélère la maturité des peaux, qui se synchronise ainsi avec la maturité aromatique. Commencées dès le 12 septembre avec les Merlot sur graves, les vendanges se poursuivent avec les Merlot sur argile pour finir avec les Cabernet, le 30 septembre.
Toute l’année, on a assisté à une alternance de conditions météorologiques changeantes qui aurait pu nous déstabiliser. Au contraire, cette succession d’épisodes très marqués a permis la construction progressive du millésime. Les phases successives bien distinctes se sont complétées pour offrir un bel équilibre et une maturité optimale des baies entre tanin et fruit, acidité et potentiel alcoolique.
Dans ce contexte plus que jamais, notre expérience a été décisive : délivrant un véritable accompagnement de la vigne avec prudence et savoir-faire, nos réactions mesurées et adaptées ont permis d’arriver aux vendanges dans les meilleures conditions. Après la récolte, le chai gravitaire a permis d’exalter le fruité et la matière des jus tout en préservant la fraîcheur des vins pour offrir aujourd’hui un millésime 2017 équilibré, profond et délicat à la fois.
