En 1843, le Congrès des Vignerons Français mentionne l’état des bouteilles de Cos d’Estournel qui reviennent d’Inde, en insistant sur la « supériorité acquise tant en finesse qu’en développement de sève, pour les vins de Cos d’Estournel revenus de l’Inde, dans des bouteilles bouchées en verre ».
En 1867, le spécialiste de la vigne et du vin Raimond Boireau relate une expérience scientifique à laquelle participent des bouteilles de Cos d’Estournel 1848. Dans son ouvrage Traitement pratique des vins, spiritueux, liqueurs d’exportations par les méthodes bordelaises, il explique le phénomène du vieillissement par l’agitation continue. « Nous avons comparé des vins de Cos-Destournel 1848 […] tirés en bouteilles et expédiés en 1851, comme provision, à bord d’un navire faisant le voyage de Calcutta, avec les mêmes vins conservés en caveau. À leur arrivée, en 1852, les bouteilles qui avaient fait le voyage et qui avaient les dépôts considérables […] furent remises en caveau.
Un mois après, on les dégusta comparativement avec les vins restés en France, mais sans les décanter. Les différences dans la couleur, l’arôme et la saveur, étaient grandes : les vins de retour avaient acquis une couleur tuilée, leur bouquet était beaucoup plus développé, et ils avaient beaucoup plus d’arôme ; ceux qui étaient restés en caveau avaient conservé leur couleur rouge vif ; ils avaient plus de fruit, de moelleux et d’onctuosité, et paraissaient, par conséquent, beaucoup moins vineux que les premiers. »
Louis-Gaspard d’Estournel ne s’y trompa pas : cet heureux et singulier résultat rencontra un succès éclatant, entrant « en grande faveur chez les gourmets et les plus fins connaisseurs », comme l’atteste le Dr. Aussel dans La Gironde à vol d’oiseau… Cet engouement fut tel qu’il fut aussitôt imité par quelques voisins attentifs à l’audace du « Maharadjah de Saint-Estèphe ».