Si vous avez probablement à l’esprit le caractère caniculaire de l’été 2022, dans le Médoc comme partout en France, le millésime a cependant commencé par l’hiver le plus froid de ces 10 dernières années !
Ces conditions rudes auront eu le mérite de préparer la vigne à l’épisode de gel des 3 et 4 avril dont elle a peu souffert, grâce aussi à la taille tardive opérée sur de nombreuses parcelles.
A peine l’hiver passé, la chaleur et la sécheresse donnent le ton, installant la précocité du millésime et la renforçant tout le reste de l’année.
Le 24 mars, le débourrement, très homogène, commence tôt, de même que la floraison le 16 mai avec 9 jours d’avance sur le millésime 2021.
Sur les Merlot, et surtout nos très vieux Merlot, cette très belle fleur permet une production suffisante de pépins, précieux atout pour apporter structure et énergie aux vins.
Arrive la première canicule, du 15 au 18 juin. Elle fait craindre un stress hydrique important, même si les Merlot présentent les plus petites baies observées à ce stade depuis 2010, signe prometteur car annonçant une très belle concentration.
Heureusement, les épisodes de pluie entre les 20 et 30 juin permettent d’étancher la soif de la vigne au bon moment et d’aborder l’été plus sereinement.
Deux vagues de chaleur se succèdent ensuite, dont une durant la première quinzaine de juillet qui sera la plus chaude observée depuis 22 ans avec celle de 2003.
Les baies s’y montrent toutefois moins sensibles, car habituées tôt dans l’année aux températures élevées, et aidées par un travail d’effeuillage minutieux au rang près.
La véraison intervient à ce moment-là, avec 12 jours d’avance.
Atouts majeurs durant cette sécheresse : nos vignes et notre terroir. Les premières, âgées de 45 ans en moyenne, sont allés puiser profondément dans des sols aux argiles profondes.
Ceux-ci, rechargées par les précipitations hivernales, ont constitué une ressource inespérée…
Le moment tant attendu se présente enfin : les vendanges débutent le 7 septembre, avec 10 jours d’avance par rapport à 2021.
Pour décider quand débuter, il fallut prendre en compte tous les paramètres permettant de juger de la maturité : peaux, pépins, acidité, potentiel alcoolique… l’expérience de ces vingt dernières années a aussi joué, et au final, c’est en goûtant les raisins que la décision est prise.
Un éclairage très utile nous est venu du nord Médoc.
Sur le vignoble de Cos d’Estournel Blanc, les vendanges ont aussi commencé très tôt, le 29 août, avec les mêmes questions, et les mêmes réponses : la confiance en notre connaissance de ce terroir et la dégustation des baies.
Il est encore tôt pour se prononcer, les vendanges n’étant terminées que depuis quelques jours, le 23 septembre, mais nos attentes semblent se confirmer, et si les comparaisons avec d’autres années, notamment le 2005 par sa sécheresse précoce et le 2003 par ses températures caniculaires, sont une indication, alors osons le dire : un grand millésime se prépare…
